CollabDreift#5 – « meta » Cassandra Felgueiras & Eric Jovet aka I,eternal

cassandra Felgueiras&I.eternal

CollabDreift#5 – « meta » Cassandra Felgueiras & Eric Jovet aka I,eternal

On dit souvent que les meilleures choses ont une fin, et oui c’est la dernière collaboration de cette saison que nous accompagnons aujourd’hui d’une interview. Mais les meilleures choses ont aussi un début et les collaborations DREIFT reviendront en Septembre prochain !
Le temps pour nous de vous préparer de nouvelles surprises, et de revenir aussi sur ces collaborations que, nous l’espérons, vous avez pris plaisir à découvrir autant que nous à les mettre en place.
Aujourd’hui ce sont Cassandra Felgueiras et Eric Jovet qui répondent à nos questions.

1- Cassandra, Eric, si vous le voulez bien est-ce que l’on peut commencer par parler de vous individuellement, de votre parcours et de vos projets dans le milieu culturel et artistique et finalement de vos univers respectifs ?
 
  • ERIC : Mon parcours musical commence dès la fin des années 80 dans divers groupes du grind core au hard core punk mélodique. Je jouais de la batterie, mais un jour je remplace le chanteur…et comme cela en alourdissant le style musical au fur et à mesure de mes écoutes. Toujours plus loin, obscur et loin des radars de la célébrité. De la musique concrète jusqu’au psychédélisme toutes périodes musicales, Grateful Dead, Loop…Je passe dans l’industriel avec Laibach et Test Dept mais aussi des sons dansants de The Orb, System 7. Killing Joke était déjà dans mes favoris ( j’en ai des masses de favoris). J’écoute aussi des musiques folkloriques de tout pays. Acquérir de nouvelles mélodies pour chanter, c’est une recherche et aussi retrouver ce qui est dans l’inconscient collectif musical. En 96, je créé I,Eternal pour faire place à plus d’expérimentations en tout genres…musique improvisée, lecture poétique…En 2011, j’arrête les groupes. Et je me consacre à plus d’écoute, plus de films, de livres. Me nourrir le plus possible d’influences ou connaissances diverses. Je lis Dumézil, St Exupèry, Leblanc ( mais oui, l’intégrale d’Arsène Lupin! 25 livres..), je relis Dune d’Herbert, encore Mishima, toujours plus de films…ah, oui j’ai une vie de famille, ma femme Florence, ma fille Suzanne..2016 je créé SpecImEn pour mes projets sons plus poussés.
  • CASSANDRA : Durant mon cursus aux Beaux Arts qui a duré cinq ans, j’ai eu le temps de développer une pensée et des formes plastiques qui engageaient de différentes manières à chaque fois les interrelations entre le corps, l’espace et le son. J’aimais explorer de quelle façon se redéfinissaient ces éléments selon le dispositif dans lequel ils existaient et découvrir quelles questions cela venait soulever. C’est à travers ce processus notamment que j’ai créé des instruments de musique expérimentaux qui prenaient le corps comme caisse de résonance. Pour redéfinir, ou perturber une relation au son, à l’objet, au corps, à l’incidence du geste, à sa propre perception…etc. Cela m’a aussi amenée à créer un espace d’expression «musicale/sonore» dans lequel j’ai trouvé une liberté absolue avec le trio «Honeycomb Mind» où la plasticité du son, le son en tant que matière brute, pouvait créer un environnement, au coeur duquel il emergeait une forme de musicalité (un lien vers quelques sessions ) . J’ai avec ce trio créé ma propre pratique basée sur la relation sonore faite de dialogues de bruits, de notes, de rythmes, de silences, de mélodies, de dissonances, ..etc, toujours en improvisation live, les sens en éveils, attentifs à l’évènement. Il y a eu une déclinaison en duo de ce concept avec «Vauduo», et puis actuellement moi en solo avec d’autres personnes aux diverses pratiques, danse, sonores et musicales. En parallèle, la conception de ces instruments à résonances corporelles m’ont orientée vers l’invention d’une guitare basse (la Body Bass) pensée sur ce même principe, et destinée à une pratique des personnes sourdes. Cela m’a value d’être récompensée par la Fondation de France avec la bourse Déclics Jeunes qui m’a permis de poursuivre mon projet. J’ai mené des ateliers de recherche autour de la pratique de cet instrument avec une équipe durant plus d’un an. Frank Cassenti, réalisateur a suivi cette expérience est en a fait un documentaire, voici la bande annonce qui sera sans doute plus parlante : https://www.youtube.com/watch?v=HuHppDAa_qc. Ces projets sont toujours, aujourd’hui en cours de développement.
 
2- Vous nous avez fait l’honneur de cloturer cette saison de collaborations DREIFT (promis on revient bientôt), qui ont toutes été jusque là sur le même format : 2 semaines, 2 artistes, 1 thème. Nous, on les a pensé comme des challenges, des défis, vecteurs de rencontres artistiques, de votre côté comment ça s’est passé ? Comment est-ce que vous vous êtes organisés ?
 
  • ERIC : C’est un honneur de terminer une saison de rencontres, collaborations de tout ordre autour d’un thème imposé. Tout d’abords je suis très touché que l’on pense à moi, secundo, hate de découvrir, l’autre, le qui avec je dois composer…une proposition que j’accueille avec l’enthousiasme maladif de nouveautés, de chant du possible, non pas de faute, la poésie va parler aves nos médias respectifs. Notre poésie, notre language.
  • CASSANDRA : Cela crée toujours une situation stimulante de devoir ouvrir les portes de nos univers pour créer la rencontre, d’autant plus quand c’est limité dans le temps et le thème. Pour ma part l’altérité enrichit peu importe la manière dont elle est reçue. Dans notre cas, cela s’est fait dans une grande simplicité. Eric a commencé par m’envoyer plusieurs de ces productions sonores. J’ai eu des difficultés à en sélectionner puisque je les trouvais toutes intéressantes. D’autant plus qu’elles représentaient toutes pour moi, avec différentes intentions, l’idée de métamorphose. Une évolution forte du détail, du subtil dans le temps suffisant pour rentrer dans la matière. J’ai tout de suite eu l’idée du visuel.
 
3- Quand j’ai reçu le premier teaser j’ai tout de suite compris que le résultat serait une expérience en soi, comment vous sont venus l’idée et le concept derrière ?
 
  • ERIC La métamorphose de Kafka est la base du travail en commun. Vite acceptée la tache devient expérience, nos échanges avec Cassandra sont courts mais justes, nous partageons cet amour de l’aventure artistique. J’espère la rencontrera un jour qui sait. Une artiste de grands talents. J’ai proposé de créer des sons pour que Cassandra choisisse ceux qui lui plaise le plus. En fait, elle m’a demandé de choisir ceux que je préfère, moins facile pour moi. Mais une fois ce choix fait, Cassandra part sur une idée de performance unique. La métamorphose devient, prends forme et chorégraphie notre poésie. Capturée en images , sons et performance sont devenu de larve, un être de dimensions artistiques qui nous sont propres.
  • CASSANDRA : Il y a 4 ans j’ai imaginé une combinaison en feutrine. C’est une pièce qui fait référence à «Plight» une œuvre de Joseph Beuys, un artiste qui m’a beaucoup inspiré quand j’étais étudiante. Cette combinaison a été réalisée pour un jour être utilisée pour une performance. Elle est faite de manière à altérer l’appréhension de l’espace. Cette altération est créée par l’amplitude, le son et l’opacité du tissu qui contraint les mouvements, la respiration et devient une frontière sensible. La combinaison ramène de manière très primaire au souffle. D’apparence confortable, douce, très esthétique et sculpturale, c’est un cocon mortifère. Lorsque le thème de la collaboration est tombé et qu’Eric m’a fait écouter sa production, j’ai tout de suite eu la vision du résultat que vous connaissez. J’ai l’impression que les liens se font après la lecture de ces éléments.
 
4- Est-ce que vous pouvez nous parler plus précisément des techniques et outils que vous avez chacun utilisé dans le cadre de ce projet ?
 
  • ERIC : Pour ma part, j’ai fait un peu de recherche sur mes sons, pas longtemps, j’aime trouver et non chercher. Sur un base de sons issus de pédales d’effets, retravaillés de façon concrète, filtrage, échantillonnage des sons trouvés ou tortillés comme j’aime à le dire, j’ai pu enfin les monter comme des formes utilisables, propices à une utilisation possible. Comme une bande son pour un film, une mélodie pour le chant de Cassandra.
  • CASSANDRA : Pour la réalisation de la vidéo j’ai demandé l’aide de David Benzazon pour les prises de vues de ma performance à l’intérieur de la combinaison. Il a filmé avec un reflex Nikon D3100 deux performances consécutives exécutées sous la même directive que je me suis imposée : exprimer corporellement mon état d’inconfort à l’intérieur de la combinaison jusqu’à l’étouffement qui annonçait la fin. J’ai ensuite, sur Adobe Premiere Pro (pardon Albane pour les galères de format(<3) réalisé le montage en superposant les deux sessions en baissant l’opacité pour créer de la transparence. J’ai ensuite mis un effet ‘‘seuil’’ et fait convulser l’image pour que le grain et la dynamique de la vidéo dialogue avec la texture et les évènements sonores produits par Eric.
 
5. La question de la fin, et pas des moindres, où est-ce que l’on peut en voir, en entendre plus de vous ? C’est le moment des liens. On accepte aussi les coups de coeur du moment, les recommandations spontanées, ce genre de choses, pour amener nos lecteurs un peu plus loin !
 
  • ERIC : Mon label https://ieternal1.bandcamp.com/music je me consacre à la découverte de toujours plus d’artistes sons. Coup de coeur? Cassandra, bien évidemment. A suivre de près. Je recommande lire plus, mieux voire, écouter encore mieux, la compréhension du monde en est la clef. J’ai réuni un drôle de trousseau, je peux essayer plus de dimensions alors?
  • CASSANDRA : Encore merci DREIFT et merci Eric. Des petits liens pour ma musique expérimentale avec Honeycomb Mind, mon sound cloud, mon Bandcamp

Des liens vers le projet Body Bass : sur ma chaine  ( je vais tenter de l’alimenter au fur et à mesure) et sur le Prix déclics Jeunes

Artistes du moment : Hélène Volsinger, Floating PointsEric Jovet

Influences + une œuvre : John Cage («4min33»), Iannis Xénakis («Ville Cosmique»), Laury Anderson ( «The Headphone Table»), Joseph Beuys («Plight»), Francis Wolf ( «Pourquoi la musique» ?), Alvine Lucier ( «I’m Sitting In a Room), Celeste Boursier Mougenot («From Here to Ear»), Pierre Scheaffer («Guide des objets sonores»), Janet Cardiff ( «The Forty Part Motet) Etc..

De quoi bien remplir votre été, que l’on espère plein de découvertes et de curiosité, on se retrouve donc en septembre avec de nouvelles rencontres d’artistes et de belles nouveautés !
 
Êtes vous tentés à participer ? contact@dreift.org

 

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